En quelques jours, il était prévu que deux avions décollent – l’un de Moscou, où Mme Griner avait été transférée, et l’autre des États-Unis, avec M. Bout.
Une question à résoudre: Où faire l’échange? À l’époque de la guerre froide et même aussi récemment lors d’un échange d’espions russo-américains en 2010 sous le président Barack Obama, des prisonniers ont été échangés au milieu de l’Europe: le pont Glienicke à Potsdam, en Allemagne, rendu célèbre dans le film de Tom Hanks « Le pont des espions », ou à Vienne, comme lors du commerce de 2010.
Mais en raison des sanctions américaines et européennes imposées à la Russie après son invasion de l’Ukraine en février, Moscou n’était pas disposé à envoyer un avion n’importe où en Europe de peur qu’il ne soit saisi. Même la Suisse, longtemps neutre, s’était jointe aux sanctions contre la Russie, tandis qu’Helsinki, en Finlande – un lieu de rencontre russo-américain de premier plan pendant la guerre froide – n’était plus acceptable parce que le pays rejoignait l’OTAN.
Le compromis est devenu les Émirats arabes unis, un petit État du Golfe qui est ami à la fois avec Washington et Moscou. Cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, le président des Émirats, avait soulevé le cas de Mme Griner avec M. Poutine lors d’une réunion en octobre, et les Émiratis étaient donc heureux de faciliter le transfert. Les dispositions ont été prises : les deux parties enverraient des avions à Abou Dhabi, la capitale.
Cherelle Griner, l’épouse de Mme Griner, a été invitée à la Maison Blanche jeudi matin pour rencontrer M. Sullivan pour une mise à jour. À son arrivée, cependant, M. Sullivan l’a surprise en l’emmenant au bureau ovale, où M. Biden a annoncé que Mme Griner rentrait à la maison. À ce moment-là, Mme Griner était au sol à Abu Dhabi, tandis que l’avion de M. Bout était à 30 minutes.
Une fois qu’il a atterri, son document de clémence a été finalisé et l’échange a eu lieu, capturé dans une vidéo granuleuse distribuée par les médias d’État russes. Elle montrait Mme Griner et M. Bout marchant jusqu’au milieu d’un tarmac poussiéreux, escortés par des fonctionnaires de leurs pays. Après un bref arrêt, Mme Griner a été emmenée dans une direction, tandis que M. Bout est parti avec des fonctionnaires russes dans une autre.
M. Biden et Cherelle Griner ont célébré devant les caméras dans le bureau ovale. Mais une fois les journalistes expulsés, le président a eu une autre tâche, plus sombre: il a dû appeler la sœur de M. Whelan pour expliquer pourquoi il ne rentrait pas à la maison, du moins pas encore.
Neil MacFarquhar a contribué au reportage de Paris. Anton Troianovski a contribué aux reportages de Moscou.